mercredi 3 novembre 2010

Boby

Quelques souvenirs de ma scolarité me reviennent régulièrement à l'esprit. Les plus marquants ont laissé dans mon esprit une trace indélébile, comme une cicatrice que l'on exhibe nonchalamment mais fièrement.. L'air de dire "tu vois ça? C'est moi qui m'l'a suis faite tout seul!". D'autres souvenirs ont un petit goût de Madeleine. Ils reviennent sans prévenir, une odeur, une parole ou un geste les font resurgir. Un petit sourire se glisse entre les lèvres, les yeux se plissent et l'on se retrouve plongé dix, vingt, trente années auparavant...
Je ne connaissais pas Boby Lapointe, j'avais 11 ans. Enfin, si, je connaissais, de nom. Mon père fredonnait de temps à autre une de ses chansons. C'était pour moi, un de ces nombreux chanteurs décrépis, décédés que les adultes avaient plaisir à citer pour dénigrer la médiocrité des productions musicales des années 80; du moins celle que l'on pouvait entendre à la radio (cf TOP 50 et Marc "Salut les p'tits clous" Toesca). À l'instar de Bourvil, Boby était rangé au Panthéon des chanteurs marrants de seconde zone pour les vieux de plus de trente ans.
Ce fut au collège que Boby vient se rappeler à moi par l'entremise d'une vieille cassette audio que la Prof de musique nous avait obligés à écouter... Après Pierre et le Loup de Prokofiev où j'avais brillamment interprété le loup (sic), c'était le coup de grâce! Mademoiselle X (une vieille fille...) allait nous faire écouter un truc que mon père écoutait étant plus jeune, la lose... Ou "la honte", comme l'on disait à l'époque.
Elle sortit le fameux "cube" que tout prof de musique possédait dans sa classe: lecteur de K7 et vinyl avec microphone. Un truc pourri qui marchait une fois sur deux et dont la qualité sonore n'avait d'égale que le "crachat" inaudible des radios Longues Ondes. Boby, le "cube", la vieille fille-prof, tout était à l'avenant: ça sentait le moisi.
Elle nous fit écouter les deux morceaux "Saucisson de cheval". Passés les regards moqueurs et étonnés de mes pairs, je fus séduit imperceptiblement par le phrasé de Boby, sa voix enjouée, malicieuse. Malgré la très mauvaise qualité de l'enregistrement, je saisis rapidement le "ressort" de ce texte. Les jeux de mots s’enchaînaient à une vitesse infernale, ce polisson de Boby jouait aussi bien avec les mots qu'avec son auditoire... Un sale gosse, ce Boby! Le genre de gamin prêt aux 400 coups, espiègle mais qui rayonne de bonheur.

Une fois l'écoute terminée, la prof nous demanda quels jeux de mots nous avions compris ,et si nous avions saisi ces fameux jeux de "mots laids". Évidemment, quelques élèves dont moi nous étions empressés de lever la main pour lui proposer nos trouvailles. Peu sûr de moi, je me gardai les "quasi jeux de mots" de l'ami Boby qui étaient on ne peut plus grivois. 
Dix ans plus tard, je suis tombé sur l'intégrale de Boby Lapointe dans les bacs de la FNAC. J'avais un peu mûri dans mes goûts musicaux... Depuis mon premier CD, j'étais à l’affût des nouveautés, des découvertes, des héritiers des années rock, je regardais devant moi. L'avenir se jouait maintenant, il fallait ne pas le louper! Puis l'envie d'écouter Gainsbourg et Gainsbarre, d'apprécier Brel, de savourer les bijoux de la langue française s'est insinuée. Je suis donc tombé sous le charme de Boby Lapointe. Ces chansons sont mêlées d'humour, d'intelligence et de bonne humeur. S'il est un disque que j'emporterais sur une île déserte, ce serait celui-là, sans hésiter. Même si, au premier abord, ces chansons peuvent être déroutantes car constellées de calembours et jeux de mots, les glissement de sens amenés par une scansion particulière sont surprenants. Tous les titres sont des diamants aux multiples facettes où Boby, avant-gardiste, nous fait côtoyer Dada et les surréalistes.
Boby, je t'aime!

Pour en revenir à la prof de musique, je lui ai proposé de ramener une K7 qui me faisait rire, à l'époque... Elle a accepté, contente de trouver un élève réceptif à Boby.



La semaine suivante, je me suis pointé avec une K7 de Pit & Rik... La Cicrane et la Froumi n'a pas eu le succès escompté...  Rikiki Pouce Pouce non plus. J'ai pas compris sur le coup...

Les boules, les glandes, les crottes de nez qui pendent.

2 commentaires:

  1. J'ai découvert Bobby lorsque mes grands frère et sœur, ayant dépassé leur crise d'adolescence, tentaient d'en corriger les excès en écoutant des vieux trucs style "j'ai gagné en maturité et ça c'est autre chose que le top 50". Boby en faisait partie.
    Du coup J'ai toujours trouvé ça ringard.

    Mais j'ai moi aussi redécouvert d'autres vieilleries plus tard. Mais pas Boby. Non pas Boby !!!!

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  2. Ingrédients :

    6 ou 7 belles carottes gouteuses (si possible du jardin) et non traitées,
    1 orange non traitée et bien mure,
    1 oignons rouges,
    1 gousse d'ail,
    1 bouillon cube,
    1 pointe de cumin ou de muscade (si on aime),
    1 bouquet de coriandre fraiche,
    Poivre, sel, piment (ou tabasco ou harissa).

    Eplucher et cuire les carottes (de préférence à la vapeur).
    Faire revenir l'oignon haché et l'ail à part dans un peu de matière grasse. mélanger aux carottes
    Ecraser (fourchette ou presse purée manuel) les carottes, émiettez un bouillon cube dedans et bien mélanger.
    Prélever le zest et le ju de l'orange. Incorporer le tout aux carottes.
    Epicer,Saler, poivrer, pimenter et mélanger.
    Hacher grossièrement le coriandre au ciseau et le mettre sur la purée.

    Servir chaud en accompagnement d'un poisson blanc grillé et salé au gros sel de type Bar, ou Dorade.

    Par ce la maman des poissons elle est bien gentille. Ok.
    Mais c'est gâcher de la bouffer avec du citron !

    Etonnant non ?

    Jean-Gilbert Von Kadoc

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