Ça fait un bout de temps que je me dis:
"Tiens, faudrait que j'leur raconte comment c'était avant."
Ouais, avant. Avant la grosse poilade, avant les billets hilarants teintés de cynisme et de sensiblerie. Avant les classes ordinaires remplies de gamins ordinaires m'inspirant des histoires extraordinaires. C'est justement parce que je vis quelque chose d'ordinaire que je tiens à manipuler, triturer, modeler la réalité pour la rendre plus attractive. Oh, c'est loin d'être chiant le boulot d'instit! Ne vous méprenez pas, mais le commun des mortels fantasment sur la vie au sein d'une classe, imaginant l'enseignant tout-puissant siégeant au milieu de ses ouailles, elles-mêmes médusées par le savoir rayonnant de l'adulte qui leur prodigue connaissance et expérience. Je raconte. Tout simplement. L'omniprésent humour n'est qu'un prisme à travers lequel je m'invente une histoire. Mon histoire.
Aussi loin que je me souvienne, je n'ai jamais eu de grandes ambitions. Très bon élève, trop peut-être?, j'enfilais les années d'études comme d'autres enfilent les perles au zinc d'un bistrot. Puis arriva la fac, l'autonomie et la petite amie, autant de paramètres que j'ai eu beaucoup de mal à ajuster. C'est peu de le dire ... Des études secondaires cahotiques voire chaotiques, je n'avais plus le choix ni le temps de tergiverser. Deux options s'offraient à moi: poursuivre ma maîtrise d'histoire et être prof ou passer les concours pour être prof. Devinez laquelle j'ai choisie...
J'ai donc passé le concours CRPE (Concours de Recrutement des Professeurs des Écoles) en candidat libre et, ô chance, merci Jospin au passage!, j'ai loupé le concours! De pas grand chose, mais loupé quand même. La guigne, qu'est-ce que j'allais pouvoir bien foutre? "Quelle chance y a-t-il?" me direz-vous. Bah, ouais, j'ai eu la chance de me retrouver sur la liste complémentaire du concours en bonne position pour être "recruté" en cours d'année. Pour les non-initiés, la "liste complémentaire" est une liste d'attente où tu peux attendre longtemps, très longtemps... Sauf que cette année-là (merci Jospin), l'Éducation Nationale recrutait à tour de bras et il ne fallut que quelques semaines après la rentrée de septembre pour que je fusse appelée. "Allo, ici, truc, du Bureau de Machin de l'Académie, acceptez-vous un poste de professeur des écoles à Lille, faubourg de Béthune? Si la réponse est affirmative, nous validerons votre concours." Bon, je ne vous cache pas que je n'ai pas tergiversé! T'es naufragé sur une île déserte et le capitaine Stubbin te propose de monter sur son paquebot et de t'y installer, ne serait-ce que dans une cabine de 4 m², tu ne demandes pas "le coup de fil à un ami" ou 5 minutes pour réfléchir, tu fonces!
Me voilà donc "stagiairisé" sur le terrain des opérations, autrement dit, je monte au front. Je suis parachuté dans deux classes (poste à mi-temps) de Lille, l'une Faubourg de Béthune, l'autre Faubourg de Douai. Ayant traîné mes Docs à Lille durant mes études universitaires et bistrotières, je sais que ces quartiers sont "chauds" et font régulièrement la une des quotidiens locaux.
Intéressants, tes débuts ... hâte de savoir la suite, et aussi, comment s'est terminé le conseil d'école ...
RépondreSupprimerBon dimanche !
Je le savais. Le Rag est une imposture
RépondreSupprimerALors ça c'était donc la première partie que j'ai lu après la seconde.
RépondreSupprimerBon, je note. Lire le blog du rag' à l'envers.
Je suis donc arrivé en bas de la page. Ai rattrapé mon retard. Et, je ne suis pas déçu.
Il y a tout dans tes billets. Ca sent tellement bon... Mmmmmmmm.
Maintenant que tu as pris le rythme, nous t'interdisons de le perdre !
T'es cent bornard ou pas !!