jeudi 6 janvier 2011

Aqualud, antichambre de l'Enfer - Épisode 2

Une fois le droit de passage, pataugeage et barbotage réglé, nous franchissons une porte vitrée qui donne sur le Purgatoire. Un long couloir nous accueille, celui sert de sas entre le monde réel et rationnel d'où nous venons et la jungle chaude, humide et impénétrable - comme toutes les jungles et les prostiputes de la Télé-réalité (qui, elles, ne le sont pas…impénétrables) - du parc de jeux aquatiques. Nous devons nous déchausser avant d'accéder aux vestiaires, aux pédiluves et aux "réjouissances"...

Après moult péripéties, me voilà en tenue de combat: moule-bite Speedo, tout beau, tout neuf pour glisser sur l'eau comme Phelps ou Bernard. Bon, ça me servira pas à grand chose ici étant donné qu'on est ici pour se poiler, pour rigoler et pas pour nager! Avec du recul, je peux dire que ce beau maillot n'a plus servi à grand chose après l'épisode tragique de la Rivière sauvage...

"Vous qui entrez, abandonnez toute espérance." 

DANTE, La Divine Comédie/L’Enfer/Chant III

Les gosses sont excités, on ne les tient plus! Nous entrons dans cette cathédrale païenne, ça grouille, ça mouille, ça bouillonne. Un enchevêtrement de toboggans chamarrés nous fait face. Des cris et des hurlements de damnés nous accueillent et une subtile odeur de graillon vient me titiller les narines. Les voyants sont au rouge, je vais en baver.

D'un commun accord avec les marmots, nous nous dirigeons vers cette fameuse "Rivière sauvage", le niveau 1 de la poilade aquatique: pas de restriction d'âge, c'est une attraction familiale, sans danger. Sans danger.... Pffff. Sauf pour qui? Devinez.
L'attraction est une sorte de petit ruisseau entrecoupé de petites "chutes glissantes", 80 cm d'eau au maximum. Aucun risque qu'un gosse se fasse mal, qu'il se noie ou qu'il ait peur. J'y vais franco avec toute la famille! Yahou!! Sauf que j'aurais pas dû y aller "franco", ni "Pinochet". 87 kgs de bidoche et 1m92 lancés dans ce ruisselet, ça finit par râcler, riper, frotter, cogner... Première glissade, je me suis explosé les talons. Deuxième glissade, je ramène les jambes près du corps pour éviter de me retrouver avec des talons au niveau des hanches. Grosse erreur! Ça fait un effet "bombe"! Je m'explose le coccyx sur le fond d'un bassin. Autant dire que ça démarre fort.... Troisième glissade, je freine un max en adoptant une position "étoile de mer": répartition des masses, diminution de la vitesse, je m'en tire pas trop mal, l'impact est correct et non douloureux. À part pour mon amour-propre...Les gamins sont hystériques, ils en redemandent! Perso, j'ai déjà mon compte.

Je prends quelques minutes pour observer les gens qui m'entourent. Beaucoup de familles sont présentes mais encore plus d'adolescents boutonneux et d'adolescentes nichonneuses, c'est le pompon! Ça court, ça crie, ça rit comme des hyènes, à croire que l'adolescent est sourdingue - il braille à tout-va et parle "SMS"- et que l'adolescente a des gênes de singes capucins - elle s'excite, ricane et hurle à la moindre sollicitation masculine...

Je continue mon inspection des péchés en présence:

La Paresse est personnalisée par quelques personnes affalées sur les dizaines de transat à leur disposition. Tiens, ça me rappelle les documentaires animaliers sur les colonies d'éléphants de mer! J’esquisse un sourire à l’idée du billet que je pourrais pondre sur le blog. La promiscuité a ceci d’intéressant qu’elle se révèle brusquement une mine d’inspirations si l’on prend le temps d’en prendre deux ou trois grandes. D’inspirations. Rester zen et serrer les dents. Quelques bains bouillonnants ont été pris d’assaut et chaque centimètre carré est le lieu d’une âpre bataille pour avoir le droit de profiter, non pas de la vague si cher au surfer, mais de la bulle si chère au glandeur. Un vrai bouillon de culture ! Bactéries et champignons à tous les étages.

La Gourmandise prend la forme d’un snack où la friteuse côtoie une improbable machine à hot-dog dans laquelle sont empalées quelques saucisses Herta. Ça sent l’huile, la graisse à frire. Dix millions de calories attendent patiemment d’être ingurgitées.

La Luxure n’est pas en reste. Je croise quelques personnes de sexe féminin portant des maillots de bain dont la surface est inversement proportionnelle au prix payé… «  On tourne un Gonzo dans le coin ? »

Appliquer à observer le bestiaire qui m’entoure, le temps passe un peu plus vite. Nous décidons d’aller tester le Black Hole 2 ! Non, ce ne sont pas les chiottes. Cette attraction nécessite que l’on s’équipe d’une bouée biplace : eh oui, on glisse à deux ! Équipé de ma bouée en forme de 8, je gravis l’escalier qui nous amènera à l’ « aire de lancement ». Autant de temps pour se peler les miches, il y a du monde, des marmots surexcités et des ados excités « tout court ». C’est dans des moments comme celui-ci que, en maillot de bain, bouée sur l’épaule, l’Homme cherche un sens à sa vie. « Qui suis-je ? Où vais-je ? Dans quel état j’erre ? » Réponse aisée : un père prêt à se jeter dans long tunnel tout noir et qui va se faire bringuebaler dans tous les sens en tentant de garder un semblant de dignité à l’arrivée, là-bas, tout en bas ! Bah, ça loupe pas : fuzz….. glissssss….. tournnnne…. reeeetttouurne….. monte…. descend ….. remonte et reeeedeeeesssscccendd…. et cccccrrrrrr (les coudes) ! Bon, finalement, c’était pas trop mal. Mon Jojo a apprécié, personne n’est blessé. 
J’attends Caroline et Marion sur l’aire d’arrivée quand, tout d’un coup, retentit une sirène. Non pas une dame avec une queue de poisson et des cheveux si longs qu’ils cachent ses nichons (tiens, je fais des rimes…) mais un POUETTT bruyant qui met en émoi la grande majorité des personnes qui m’entourent. Que se passe-t-il ? Un feu ? Une attaque bactériologique ? Nucléaire ? Tout le monde semble se diriger vers un point précis… Un bunker peut-être ??? Non, la réponse est beaucoup plus terrifiante ! ……… 

Alerte au Tsunami !!! 

La piscine, centre névralgique de la structure, est équipée d’une machine à vagues. Je me précipite à mon tour, me frayant un passage dans la foule. Les places sont chères. Ça doit dépoter ! 
Où sont les planches de surf, les body-boards, les requins Hawaï, me voilà !!!!
Flic….
Flac…..
Floc…..
Frrrrssssssh…..

Flic….
Flac…..
Floc…..
Frrrrssssssh…..

Flic….
Flac…..
Floc…..
Frrrrssssssh…..

????????

Non, mais, c'est quoi c'te merde ! Tout ça, pour ça ? Trois vaguelettes de 50 cm de haut et des petits rouleaux à l’extrémité de la piscine? Et vas-y que tout le monde saute à chaque vagounette, les bras tendus vers le ciel priant je ne sais quel démon ! Une secte, j’vous dis : le Temple de la Vaguelette de l’Enfer. Moi qui m’attendais à un raz-de-marée force 27 sur l’échelle ouverte de Maïté ! eh ben, je suis passablement déçu et contrarié, quand vais-je enfin goûter au « grand frisson » ? Où est l’activité Base-jump ? Où sont les Dirty Sanchez ? Vite un BMX, un caddie, un truc fun quoi !!

Ma femme, sixième sens en alerte, sentant que la bête qui sommeille en moi est loin d’avoir assouvi son appétit de sensations fortes et abrutissantes, me propose d’emmener les gosses dans la Rivière Sauvage (la sus-citée… un peu trop sauvage pour moi) pendant que j’irai tester THE attraction de la mort, celle que les nains i’z’ont pas le droit de faire : le TWISTER.
C’est cool, y’a pas trop de monde. Normal, moins d’1m50, tu passe pas ! C’est pas pour les rigolos, ça doit déchirer grave sa race, youpi ! Je gravis les escaliers qui m’amènent devant la gueule du TWISTER. Là, le doute m’assaille… Putain, ça descend raide ! Très raide ! Pas le moment de se dégonfler, mon honneur est en jeu, je suis le seul adulte sur la plate-forme de départ. Pfiou…. Inspiration, expiration, Inspiration, expiration, Inspiration, expiration, Inspiration, expiration, et…. zou ! Me voilà parti ! Jusque là, tout va bien. Sauf que…
Ça descend super vite, je suis allongé sur le dos, pied en avant. J’accélère. Mes pieds fendent le filet d’eau qui se vaporisent et finit par m’aveugler. Je tente de garder les yeux ouverts mais de la flotte chlorée dans la gueule à près de 50km/h, j’ai pas trop le choix : je clos les paupières et je prie. La descente est fulgurante, j’ai du mal à respirer quand je sens que ma trajectoire s’incurve. Je suis sorti du tube ! Me voilà dans l’entonnoir géant collé à la paroi par la force centrifuge ! J’entrouvre les yeux, je tourne, je glisse, je vois enfin… La vitesse finit par décroître et sensiblement la pente m’amène vers le centre de l’entonnoir où un trou béant nous happe et nous jette dans une piscine de 2m de profondeur. La plus grosse difficulté à ce moment précis est de tomber dignement de cet orifice… J’vous jure. Trop dur…. Cul par-dessus tête, j’atterris dans cette mini-piscine où je bois la tasse et, encore aveuglé par l’eau chlorée, je tâtonne dans l’espoir improbable de trouver le rebord salvateur. Ouf me voilà sauvé ! je l’ai fait. Bien qu’en y repensant, j’ai l’impression d’avoir tourné, à mon insu, un épisode de VIS MA VIE. Vis ma vie d’étron ! Colon, rectum, anus et Jacob Delafon. En vitesse accélérée, « gastro style » !

Mais le pire reste à venir...

2 commentaires:

  1. Excellent !
    On m'a dit du bien de ce nouvel épisode et j'attends maintenant impatiemment le suivant.
    Que de souvenirs me reviennent...
    Ce lieu est bien un purgatoire : à mi-chemin entre un paradis en toc totalement artificiel mais tout de même attirant et un enfer qui te râpe le cul, j'explose les genoux, te scalpe les talons à chaque jointure du toboggan et te noie à l'arrivée...
    Et la vague de la piscine est probablement plus impressionnante quand tu mesures 1m47 que quand tu fais 1m96.
    Et la file d'attente du toboggan est assurément un des lieux où l'homme perd toute dignité.
    ah... à suivre

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  2. pire??? C'est pas possible ??
    Purée vous avez de ces trucs dans le nord !!
    Surtout n'exportez pas avant une bonne quinzaine d'années ! mes gosses risqueraient de vouloir y aller et avec le karma que j'ai... Remake de Retour vers l'enfer. Brrr j'en frissonne.

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