samedi 6 février 2016

The Walking Dead Pupils



Dieu  sait que la mission qui m’incombe me pèse de plus en plus, en exposer les raisons serait une perte de temps, d’énergie et ne ferait pas avancer le schmilblick.
Cependant, l’aspect le plus plaisant du métier d’enseignant réside dans les relations que l’on peut nouer avec les marmots dont on a la charge durant une année voire plus. Plus qu’une simple relation enseignant/élève, les rapports que l’on tisse avec les enfants prennent différentes formes en fonction de la personnalité de l’adulte qui leur fait face. J’ai la prétention de croire que ma plus grande qualité (compétence ?) est d’instaurer au sein d’une classe un climat de sérénité et de confiance qui permet aux gamin(e)s de s’épanouir.
Même passant pour un vieux con aux yeux de ces têtes blondes - toute personne dont l’âge dépasse la vingtaine d’années relevant à leurs yeux de la vaste catégorie des « vieux » - ma culture « pop » n’est pas si éloignée de la leur et je les surprends souvent par ma connaissance de leurs centres d’intérêt. Le fait d’être père d’enfants de leur âge n’y est pas étranger bien évidemment.
Hier, alors que ma collègue et moi-même surveillions la cinquantaine d’élèves aléatoirement réparties sur la surface de notre modeste cour de récréation, nous assistâmes à une collision entre élèves. Sans gravité, les deux élèves se relevant rapidement, et sans effusion lacrymale ni hurlement hystérique, je constatai que l’un d’eux se frottait la cuisse. Je m’enquis de son état et, constatant que la douleur qui le gênait n’était due qu’à un léger hématome, une « béquille » en somme, je l’enjoignis à repartir vers d’autres aventures. Il acquiesça et, alors qu’il s’éloignait, sa démarche m’interpela : trainant le pied droit, l’épaule basse et décrivant un mouvement de va-et-vient saccadé , la tête bringuebalant mollement du côté gauche… Bon sang, mais c’est… c’est… un ZOMBIE ! Quelques dixièmes de secondes plus tard, impatient de tester la perspicacité de deux de mes élèves les plus enclins à apprécier mon humour absurde, et peut-être de partager avec eux  un peu de malice, je les appelai et leur demandai d’observer attentivement la démarche particulière de leur camarade. « Oh, un Zombie !!! s’exclamèrent-ils à l’unisson. J’avais donc vu juste, la ressemblance était évidente pour des gamins de 10 ans et un de 40. Nous échangeâmes quelques idées sur les moyens d’éviter la contamination ainsi que sur les techniques d’éradication des morts-vivants.
Cinq minutes plus tard, il y avait une quinzaine de zombies, boitant, râlant et arpentant de manière erratique la cour de récréation transformée en Zombieland. Vous n’imaginez pas le plaisir que j’ai éprouvé à la vue de ces marmots en mode « délire absurde ».
Quand je sifflai la fin de la pause et que tous les élèves se rangeaient sagement le long du mur extérieure de ma classe, j’eus la surprise de voir quelques zombies se cogner dans les murs, se heurter aux portes, langue pendante, regard inexpressif et sons gutturaux. Dans un grand éclat de rire, je lâchai un « Mais qu’ils sont bêtes !!! » Quel moment de joie et de plénitude ! D’une plaisanterie qui avait pour but de ME faire rire, cette poignée de gamins a réussi à me surprendre et les voir déconner ainsi est, et restera, sans aucun doute, un de mes plus beaux souvenirs d’instit’.

mercredi 4 juin 2014

Sciences dessus-dessous...

Les enseignants sont de formidables magiciens.

Je SUIS un illusioniste.

À l'instar d'un Jean-Eugène Robert-Houdin du tableau noir ou d'un David Copperfield de la cour de récréation, je pratique année après année le subtil art de la prestidigitation, c'est-à-dire l'art du spectacle qui consiste à créer l'illusion.


Quelle illusion?


Vous n'êtes pas sans ignorer qu'en tant que fonctionnaire de l'Éducation nationale, je suis soumis à de multiples obligations institutionnelles, les programmes d'enseignement en particulier. Or, même si ces programmes sont censés être appliqués de A à Z et les thèmes abordés sans impasse, il est impossible, jusqu'à preuve du contraire, de boucler une année scolaire sans s'octroyer quelques libertés. En fonction des affinités de chacun(e) , des thèmes sont plus ou moins investis, certains d'entre eux étant frappés du sceau de l'infamie tant il est périlleux pour l'enseignant(e) de s'y aventurer. Périlleux pour diverses raisons: corrections quasi impossibles, résultats navrants, dépressions nerveuses, crises d'hystérie, j'en passe et des meilleurs... Chaque professeur de France et de Navarre escamote ainsi, ni vu ni connu, tout au long de l'année scolaire ces thèmes qu'il aimerait voir disparaître de sa vue à tout jamais pour le bien de son âme. Même si la production d'écrits et la résolution de problèmes recèlent d'innombrables écueils qu'il s'agit d'éviter, charge à l'enseignant que je suis de prendre son courage à deux bras et de s'y frotter, quitte à alterner crises de rire et alopécie. Néanmoins, il reste un thème qui, à sa seule évocation, provoque chez mes chères et chers collègues rires nerveux, hérissements de poils et brusques bouffées de chaleur: 






En tant que parent, il n'est pas toujours facile d'aborder la "chose" avec ses propres enfants alors, imaginez-moi devant 25 marmots de 9 à 11 ans... La difficulté réside à se cantonner à un aspect exclusivement scientifique et à éviter de tomber dans de l'éducation sexuelle. Or les questions des enfants m'amènent irrémédiablement à manier la langue de bois et à les diriger vers leurs géniteurs afin qu'ils répondent aux questions plus "techniques" de leur progéniture.

Avant de s'aventurer sur le terrain miné de la reproduction humaine, il est nécessaire de passer par la reproduction chez les animaux ovipares (oiseaux, reptiles, poissons...) et vivipares, les mammifères en particulier. Or je soupçonne les rédacteurs de manuels scolaires de vouloir régler quelques comptes avec le monde enseignant.
Pourquoi, lorsqu'il s'agit d'illustrer la reproduction sexuée chez les mammifères terrestres, les éditeurs choisissent-ils systématiquement, je dis bien systématiquement, une photo d'une chatte et son chaton. Les enculés! Ils savent bien que "chatte" est le mot français qui doit être évité dans une conservation entre humain de 9 à 99 ans!!! Sans quoi, en victime expiatoire, vous vous exposez à des commentaires grivois et  perdez toute crédibilité aux yeux de votre interlocuteur.

[
La preuve:

La phrase "Ma chatte perd ses poils" ne provoque-t-elle pas chez vous, chères lectrices et chers lecteurs, une irrépressible envie de pouffer de rire alors que les soucis pilosité de la féline bestiole ne devraient vous inspirer que compassion. "C'est sûr, on a moins envie de la caresser..." répondrais-je.
]

Je peux quand même pas dire "maman chat" ou "chat femelle". À peine ai-je prononcé cette syllabe que quelques visages s'illuminent, des joues rosissent, des rires s'étouffent. Et c'est qui qui va devoir désamorcer tout cette merde? C'est bibi!!!
Je les imagine les Nathan, Hatier et consorts se tordre de rire à l'impression des leurs manuels de sciences, ces sadiques sont les pires qui soient car ils ne jouissent même pas du spectacle navrant de leurs victimes s'engluant dans des périphrases alambiquées dans le vain espoir d'éviter de prononcer le mot honni. ENFOIRÉS!

Bon, je vais pas trop m'acharner sur eux, ils seraient encore capables de me foutre des photos de bittes d'amarrage dans mes bouquins de géographie.

Bande de pervers.



dimanche 6 avril 2014

Minority Report



« - Cette boule pourquoi vous l'avez rattrapée ?
- Parce qu'elle allait tomber.
- Vous en êtes sûr ?
- Oui.
- Pourtant elle n'est pas tombée.
- Puisque je l'ai rattrapée...
- Alors en la rattrapant vous avez empêché que cela arrive... Pourtant vous en étiez sûr. »
 

Je suis l'agent Paul Ragerton, je suis à la tête d'une unité particulière de l'Éducation Nationale, la Pré-crime. Ma mission est d'intervenir avant que les crimes ne soient commis, d'arrêter les coupables avant qu'ils aient pu commettre leurs forfaits. 


 Grâce à la précognition (voir billet précédent), il m'est possible d'empêcher les accidents, crimes et méfaits avant qu'ils ne se réalisent.

"Agent Ragerton, code rouge!!!
- Hein, qué pasa?... Oui, chef?
- On nous signale trois incidents en préparation à l'école Bernard Ménez de La Chapelle! Chute, insultes et violence, voilà le programme. 'Fin, pas vraiment le programme, vu que vous allez brillamment empêcher que tout cela n'arrive, n'est-ce pas?
- Oui, chef! Je saute sur mon scooter électrique et je m'en vais de ce pas combattre le crime, sauver la veuve et l'orphelin (surtout la veuve), aider les plus démunis. Justice, liberté, innocence, me voilà! Je file, je vole, j'acc...
- Ta gueule , Ragerton...
- 'scusez, chef...
- Il ne vous reste que 13 minutes et 25 secondes avant que Jessica ne se marave la gueule et n'hurle comme un putois qu'on égorge. Alors magnez-vous le derche!"


En moins de temps qu'il n'en faut à Gérard Depardieu pour vider une brique de La Villageoise, j'ai revêtu ma combinaison de la Pré-crime, enfilé mon casque intégrale, et sauté sur mon deux-roues.

Clef de contact.

Embrayage.

À fond de gaz, j'essore la poignée...

"BZZZZZZZZ..... BZZZZ..... BZZZZ....."

[Oui, "BZZZZ" et pas "VRAAAAAOUMMM!!!" C'est un scooter ÉLECTRIQUE, vous ne suivez pas. J'vous jure...]




13 minutes plus tard et autant de moucherons écrasés sur la visière de mon casque, me voilà devant la grille de l'école. 25 secondes avant le choc.

Béquille. 20 s...


Antivol. 15 s...


Casque dans le top-case. 10 s...




On n'est jamais trop prudent par les temps qui courent.

"Bon sang, qu'est-ce que vous branlez, Ragerton? hurle mon supérieur dans l'oreillette intégrée au casque.
- J'y suis, Chef! Je vois la cour, c'est l'heure de la récréation. Impossible de repérer Jessica! Ça craint du cul, Chef."

Un rapide coup d’œil panoramique me permet de repérer une jeune fille dont l'analyse de la vitesse et la direction de course m'indiquent qu'elle risque, dans moins de 4 secondes, de trébucher sur un  cartable abandonné. Plus le temps de l'arrêter, je suis trop loin, elle est trop rapide. Il faut agir. Dans un geste alliant célérité et précision, je me saisis de mon Magnum (le flingue Clint "Harry" Eastwood, pas le gros esquimau au chocolat).




Je vise à l'instinct et presse la gâchette. Une violente déflagration remplit la cour de récréation et le cartable disparait dans un nuage d'encre bleue, de feuilles et de résidus de cartes Pokémon. La petite Jessica, tétanisée mais sauve se tient au beau milieu de cette bouillie de cartable. Je l'ai sauvée.

"Mission 1 OK, chef!
- Ragerton, ne vous reposez pas sur vos lauriers! Dans H moins 7 secondes, Kevin va traiter la mère de Brandon! "Ta mère est moche et grosse" dixit notre ordinateur "Précog". Intervenez!"

Je me dirige vers un attroupement d'enfants.

"Ragerton, l'ordi nous indique que l'insulte se prolongerait d'un "... et en plus, elle a des dents de chameau et des poils de gorille dans l'dos!" C'est intolérable. AGISSEZ, RAGERTON!
- Chef, je n'arrive pas à repérer cet enfoiré de Kevin!
- Ragerton, sur la vidéo Précog, il porte une casquette bleue, un t-shirt jaune LC Waïkiki, un pantalon en velours côtelée jaune moutarde -quelle faute de goût- et des baskets!
- Putain, j'le vois pas!
- ... et il n'a pas fait ses lacets! Je répète: il n'a pas fait ses lacets!!!
- MAIS BORDEL DE PINE, Y'EN A AUCUN QUI A FAIT SES LACETS!!
-...
- ÇA Y EST!! CONTACT VISUEL! CONTACT VISUEL! JE FONCE!
- Que les dieux vous viennent en aide, Rag'... "










H-2 s.econdes...



"... et pi, et pi, ta mère est...
- KEVIN! Au nom de la loi du préau, je t'ordonne de poser cette insulte!"
Le petit Kevin, interloqué, reste bouche bée. Ses yeux dénotent une incompréhension doublée de surprise.
"Fais pas l'con, Kevin! Ça vaut pas l'coup. Pense à tes enf... ta famille! Tu risques de passer le le reste de ta récré au mur! Tu m'entends!!! Le reste de ta récré!!!  C'est trop moche, je sais.
- Mais, mais, m..., j'ai rieennnnn faiiiiiit! C'est lui qu'a commencé. Bouuuuuhhh!!!"
Le jeune Kevin éclate en sanglots alors que je l'immobilise au sol, puis le livre aux autorités locales, les instits.

"Mission 2 OK, Chef!
- Bien joué, Ragerton! J'ai bien cru que ce pied-tendre allait réussir son coup! Mais ce n'est pas fini, Rag'. Dans 9 secondes, le petit César - putain, le prénom à la con - va tirer violemment les cheveux du petit Corentin -encore un prénom cul-cul la praline. Vous êtes son dernier espoir.
- Bien reçu, Chef!
- César a des cheveux de couleur rousse et porte des Crocks. Vous ne devriez avoir aucun mal à l'identifier!"

Je traverse la cour tout en scrutant les tignasses des marmots. Pas de roux à l'horizon... Merde, où est-elle, cette racaille putride tireur de tifs?

"Chef, chef! Pas de roux à l'horizon. Il ne  me reste que 4 petites secondes.
- Damned! S'il pleuvait, vous auriez pu le sentir. C'est con.
- Oui, l'eau aurait été notre alliée.
- ...
- ...l'eau... l'eau. Bon sang, Ragerton! Je sais où ils sont!!! Foncez vers les chiottes! Ils sont aux chiottes!! LES CHIOOOOOOOOOTTES!"

Mon sang ne fait qu'un tour, les latrines ne sont qu'à quelques mètres. D'un bond, je suis devant la porte dont j'empoigne la clinche. En un clin d’œil, je suis à l'intérieur et me rue sur le rouquemoute, lui saisit la main. Il était à quelques centimètres du système capillaire de Corentin -non mais, quel prénom à la mords-moi l'noeud - et s'apprêtait à commettre l'irréparable. Il s'en est fallu d'un cheveu...

"César, pose ta main à terre! Pose-ta-main-à-terre! Mo'fucker!
- C'est pas moi, m'sieu. C'est lui qui me pousse dans le dos quand j'fais pipi!
- César, tu es en état d'arrestation pour le futur tirage de cheveux de Corentin. Tu as le droit de garder le silence. Tout ce que tu diras pourras être retenu contre toi lorsque je rencontrerai ton papa et ta maman...
- C'est pô juste, c'est toujours la faute des roux... gémit le petit César."








"Mission 3 OK, Chef! Je rentre à la base!
- Bien joué, agent Ragerton. On a eu chaud aux miches cette fois-ci encore! Dieu bénisse votre virtuosité.
- Merci Chef!
- Faites attention sur la route."

Après avoir salué les maîtresse de l'école, je m'empresse de remonter sur mon scooter électrique et file vers de nouvelles aventures.

Je suis l'agent Ragerton et je combats le crime.


"Bzzzzzzzzzzzzz...."

mardi 18 mars 2014

Marelle et précognition

À de nombreuses reprises depuis que j'ai embrassé la carrière d'enseignant - réflexion faite, c'est plutôt elle qui m'a embrassé... À quatre heurs du mat', avec 2 grammes dans chaque œil et une capacité de discernement fortement émoussée. N'avez-vous jamais regretté cette pulsion animale qui, encouragée par des litres de boisson plus ou moins alcoolisée, vous jette dans les bras d'un(e) inconnu(e) dont le physique ne vous aurait pas attiré le regard en des circonstances moins éthérées? Pas besoin de GHB, je me suis bien fait baiser par l'Éducation nationale. J'me souviens de tout, et ça fait mal!- donc, disais-je, à de nombreuses reprises depuis une quinzaine d'années, je me suis souvent posé les questions suivantes:

"Qu'est-ce que je pourrais bien faire comme boulot à la place?"
ou "Qu'est-ce que j'aimerais faire si j'en avais l'occasion?"
voire "Putain, qu'est-ce que j'fous là?

Les réponses, nombreuses au demeurant, n'en sont pas moins difficilement réalisables eu égard à mon CV, mais surtout à la conjoncture sociale et économique. Et une grosse trouille, il est vrai... Néanmoins, certaines remarques, certains commentaires ou échanges verbaux plus ou moins cordiaux avec la gent parentale de mes ouailles m'amènent à penser qu'une carrière de marabout et grand médium s'offre à moi. En effet, les attentes de quelques pères et mères frôlent l'ésotérisme: omnipotent et omniscient, je me dois d'être - je m'y efforce il est vrai- mais je devrais aussi démontrer des dons de précognition! À l'image d'un Tom Cruise de cour de récré, être capable de prévoir chutes, percussions rhino-frontales et trouages de futal ne semble pas si incongru dans les esprits retors de parents dont la marmaille ne devrait supporter aucun aléa de la vie en société. De la vie tout court même. Certes, enseignant que je suis, je m'efforce de réduire les probabilités de ces accidents qui, par définition, sont imprévisibles, cependant, comme le risque 0 n'existe pas, nous ne sommes pas à l'abri d'une gamelle, d'une maladresse ou d'une bêtise de gosse.


"Comment ça s'fait que Bidule est tombé et a troué son pantalon? Ça fait déjà deux fois!
- Bah, ça s'appelle l'attraction terrestre..."


Je me vois bien distribuer dans vois boîtes à lettres la carte suivante:





dimanche 15 décembre 2013

Le rugby et mon esprit

Le rugby, je ne suis pas tombé dedans quand j’étais petit, aucune prédisposition, aucune incitation familiale. Tout juste quelques matches regardés d’un œil curieux lors des retransmissions du Tournoi des V Nations.
C’est cette putain d’adolescence qui m’a poussé à franchir le pas. Enfin, plutôt la fin de l’adolescence, l’heure des premiers bilans, quand on n’est malheureusement plus un gamin, mais pas encore un homme, encore moins un adulte. Les premières amours, non réciproques, qui riment avec les premières claques (non, pas les premières finalement, les plus douloureuses sûrement), ne manquent pas de me renvoyer à la figure l’image d’un grand échalas, empoté, gras et peu sûr de lui (doux euphémisme). Par réaction, j’ai préféré passer mon adolescence avec ma solitude, une canne à pêche à la main et des rêves plein la tête. Autant dire que ma culture physique et sportive se résumait à quelques séances d’EPS « subies », au collège et au lycée. J’étais un élève médiocre en sport, « l’intello » sympa de la classe, avec un goût vestimentaire incertain (c’est toujours le cas) et des relations sociales qui se limitaient à de la bonne camaraderie, gent féminine comprise. Or, la camaraderie se marie très mal avec le bouillonnement hormonal qui sévissait à l’aube de mes 20 ans. Non pas que j’étais une bête incontrôlable dont la libido submergeait les digues de la raison, je ressentais un besoin viscéral de trouver une personne apaisante, une personne refuge. Mais là, n’est pas le sujet.
Dans quelle activité sportive aurais-je pu m’investir alors que je n’avais jamais pratiqué un quelconque sport au sein d’un club ou même d’un groupe de copains ? Très difficile de débouler dans un club de foot, volley, basket alors que la majorité voire la totalité des joueurs le pratique depuis l’âge de 12 ans voire moins ? Ou ont un passé sportif qui leur permet d’accrocher « le wagon » sans passer par la case « départ », celle où l’on se forge coordination motrice, équilibre, adresse, vélocité et endurance ? Très vite, l’idée du rugby s’est imposée : une activité de plein air, par équipe, un jeu de balles. Je pensais que ma taille pourrait être un atout dans ma quête d’intégration d’une équipe, quelle qu’elle soit.
Je suis d’abord passé par le sport universitaire, des entraînements le lundi après-midi vers 14h, si je ne m’abuse. On était quatre ou cinq maximum, trois parfois, Édouard en GO-entraineur. Comment arrivait-on à s’entraîner à trois ? Je me le demande encore, on courait, tombait, éclatait de rires, pestait de douleur mais on s’amusait et j’avais, enfin, l’impression de me faire du bien, physiquement et mentalement. Édouard, notre Gentil Entraineur, était une personne souriante, expansive, généreuse, le physique à l’avenant. Son statut d’ainé lui conférait un soupçon d’autorité qui suffisait à faire des ces entrainements des moments privilégiés où chacun, novice ou confirmé, pouvait prendre du bon temps. Avec du recul, je conçois que les joueurs licenciés en club devaient se faire chier royalement. Les jeudis après-midi voyaient les équipes universitaires se rencontrer sur les terrains de la banlieue lilloise. Autant dire que l’équipe dont je faisais partie ne brillait pas spécialement ; Université de Lille III, Arts et Lettres ne rimait pas vraiment avec culture sportive… Cependant, il suffisait que quelques joueurs clés rejoignent l’équipe pour que ce joyeux bordel organisé prenne une toute autre allure. Pas nécessairement des joueurs de rugby, simplement des gars qui savaient courir une balle en main, ou des types qui n’avaient pas peur de rentrer dans le lard, démontrant ainsi leur amour pour la géométrie euclidienne, à savoir que « La plus courte distance entre deux points est la ligne droite ». Tout le monde était le bienvenu, chacun pouvait y trouver sa place. J’y trouvais ma place. Si je devais expliquer ce qu’est le rugby à mes yeux, je sortirais quelques souvenirs de cette période. C’était une auberge espagnole, chacun y venait avec ses qualités, ses défauts et il suffisait d’un rien pour que la mayonnaise prenne : bienveillance des « cadres », spontanéité des novices, amateurisme de l’organisation, aucun carcan ou pression sinon celle de la camaraderie. Sans oublier les quelques pressions que nous n’omettions jamais de baller lors des troisièmes mi-temps qui, loin d’être des beuveries, clôturaient joyeusement nos exploits sur le gazon
Durant ces quelques années, j’ai lié de nombreuses amitiés: François, Tof, Karim, Gros (Grand) Seb, Lou etc. Autant de potes que j’avais plaisir à croiser, autant de personnes qui me renvoyaient une image globalement positive de ma personne, je faisais partie d’un groupe, d’une équipe, improbable certes, fragile sans aucun doute mais qui rayonnait d’ondes positives. Malheureusement et fatalement, j’en ai perdus de vue en route, chemin faisant vers la vie professionnelle. L’un d’entre eux est devenu un Ami. Un ami du genre que l’on compte « sur les doigts de la main du baron Empain, voire de Django Reinhardt, pour les plus misanthropes. » dixit P. Desproges.
Puis ce fut l’expérience en club… Assez rude pour ne rien vous cacher. Durant une année, j’ai fourbi mes armes en équipe 3 de l’Iris Club de Lille. À peine 19 ans et je côtoyais pour la première fois de « vrais » sportifs dans un « vrai » clubs avec de « vrais » objectifs. L’accueil fut relativement froid. Bien différent de l’idée que je me faisais du sport en club. Je devais faire mes preuves.
Mon premier match fut une Bérézina, contre l’équipe 3 d’Arras, club phare de la région au passé glorieux. On a mangé sévère ! 80 ou 90 points à rien. Et c’est là que j’ai découvert que l’on pouvait être violent gratuitement envers un total inconnu… Sauf que l’inconnu, c’était moi. Mal placé, naïf et doux comme l’agneau, je sortis au bout de trente minutes après m’être pris un bon caramel au niveau du plexus. Sans ballon, par surprise, ma fierté en prit un coup. Il fallait se rendre à l’évidence : les lauriers étaient encore bien loin. Néanmoins, je n’ai pas baissé les bras et, durant cette saison, j’ai tenté de montrer le meilleur de moi-même, sympathisant au passage avec d’autres p’tits gars comme moi qui tentaient tant bien que mal de se faire une place dans le groupe compétitif. Timothée et Gérard étaient de ceux-là.
La deuxième année au sein de ce club de Lille me vit accéder à l’équipe B. Non pas que j’avais progressé- je n’en avais pas l’impression - mais l’équipe première, championne des Flandres, avait accédé au niveau national et avait étoffé le groupe promis aux joutes sur les terrains de Picardie, Normandie et région parisienne. Petit à petit, j’ai fait mon trou et fut reconnu par quelques cadres. Oh, ce n’était pas encore la gloire ni l’intégration satisfaisante mais on commençait à connaître mon prénom et mes qualités - alors que cela faisait 8 mois que je connaissais les prénoms de tous les types du club-. Je me suis endurci, faut dire que la barre était très basse. Quelques bons matches en B et je fis deux piges sur le banc des remplaçants en équipe première. Une fois à Massy, grosse branlée en perspective, et la deuxième fois à Saint-Pol sur mer, grosse branlée aussi. Dans les rangs de cette équipe de Saint Pol jouait un certain Vern Cotter, entraîneur-joueur qui avait « bâti » autour de lui une équipe performante, celle-ci jouait le haut du tableau de la Nationale 3. Malheureusement, et comme j’aurais pu le deviner, la saison s’est terminée en eau de boudin. Les résultats de l’équipe première était catastrophique, ceux de la B, à l’avenant et, dans ces conditions, l’ambiance n’était pas des plus sereines. J’eus également la désagréable impression qu’il était beaucoup plus facile de s’intégrer en étant une grande gueule arrogante qu’un jeunot discret. Mes études m’envoyant sur la Fac d’Arras, je décidai de migrer vers le club du littoral qui m’avait impressionné. Bien m’en a pris…
Je me souviens m’être pointé au stade Romain Rolland, un soir, fin août( ?). Quelques joueurs trottinaient autour du terrain et l’on m’a accueilli à bras ouverts. Quelle agréable surprise ! Les présentations étaient faites, mon humilité me poussant à me présenter comme un simple prétendant à l’équipe 3, l’équipe 2 après quelques années… Tito, Pierrot, Dindin étaient de ces personnes qui m’ont mis d’emblée sur les bons rails. J’ai très vite trouvé ma place dans ce groupe, place qu’on m’avait offerte généreusement. On m’appelait par mon prénom alors que je ne connaissais pas encore les prénoms de tout le monde ! Bien que je ne pouvais pas assister à tous les entraînements, études sur Arras obligent, je me trouvais sur la liste des joueurs de l’équipe B. Remplaçant ou titulaire, peu m’importait, j’étais très surpris, même très honoré de lire mon nom sur cette feuille d’équipe. Je n’en demandais pas plus, j’étais vraiment comblé.
Assez vite, on m’offrit ma chance en équipe première. Plus par défaut que pour mes qualités, sans aucun doute, certains titulaires blessés ou absents obligeaient les entraîneurs à venir piocher en B. J’allais jouer avec le maillot de Bruno, Fifi, des figures emblématiques à mes yeux, des monstres physiques, des joueurs dont l’expérience et la stature en faisaient des titulaires indéboulonnables. Je ne faisais pas le poids. C’était un match contre le LUC, Dindin m’avait annoncé ma titularisation dans les vestiaires du club, le matin-même. C’te frousse ! Qu’allais-je bien pouvoir faire ? Serai-je à la hauteur ? En tout cas, j’allais faire ce que je savais faire. On me rassura, m’encouragea et, finalement, nous gagnâmes sur un score étriqué, 6-3 ou 6-0, l’état déplorable du terrain, boue à 90%, ne permettant pas du « grand jeu ». Dès lors, je jouai pratiquement tous les matches du reste de la saison avec l’équipe première, titulaire ou remplaçant. Je ne me rappelle plus du match en lui-même, en revanche, la satisfaction dans les vestiaires, les tapes amicales des « grands » joueurs sur la tête ou dans le dos réussirent à m’arracher quelques larmes de fierté. Si on m’avait dit que j’allais, un jour, jouer un match de Nationale 3 en équipe première !
Durant de nombreuses saisons, j’ai creusé mon trou, essayé de donner le meilleur même si j’avais souvent l’impression, le match fini, que j’aurais pu mieux faire, faire autrement. Je n’ai pas l’impression d’avoir jamais « triché », la peur était certes présente avant chaque coup d’envoi, celle-ci disparaissait dès le coup d’envoi. J’ai connu de grandes déceptions, pas nécessairement des défaites. L’un de mes plus grands regrets est de ne pas avoir joué les Play-offs de N3 dès ma première saison. J’étais en concurrence avec CPJ et mon nom n’apparut seulement que dans la liste des remplaçants. Notre équipe passa deux ou trois tours ; à chaque fois, je fus frustré d’assister à la victoire des miens sans avoir participé à la rencontre, l’échauffement tout au plus… Je me souviens de Laurent G venir me parler dans le bus du retour. Signe que je faisais partie d’une équipe.
Mon envie de jouer était plus forte que celle de gagner, je voulais m’amuser et je dois bien avouer que certaines victoires avaient un goût amer alors que des défaites honorables me rendaient fiers. Je me souviens d’un match à Soissons, 30 joueurs dans le bus tout au plus, forfait perdu pour l’équipe B, nous étions promis à une défaite sévère. L’équipe alignée sur la feuille de match était improbable. Sauf que nous avons défendu chèrement notre peau, n’encaissant qu’une trentaine de points alors qu’on nous en prédisait 80 au bas mot. Le match fini, j’étais fier de l’équipe, fier des joueurs, de nombreux adversaires vinrent nous saluer comme de coutume, mais à leurs commentaires, nous comprîmes que nous avions gagné leur respect. L’arbitre, lui-même, vint me féliciter. J’étais alors capitaine.
Le capitanat, durant presque deux saisons, fut, à la fois, une de mes plus grosses fiertés mais aussi un des plus gros fardeaux. Fierté car je ne m’y attendais pas, comme ma première titularisation en première, c’était la reconnaissance par l’entraîneur et certains joueurs-clés de mes qualités, un fardeau car, d’un point de vue purement rugbystique, je n’étais pas un joueur doué. D’autres potes avaient infiniment plus de qualités sportives que ce que j’ai jamais eues. J’ai voulu apporter un peu de tempérance dans cette équipe, de sérénité. Hélas, ce manque de confiance qui m’accompagne encore aujourd’hui ne m’a pas permis de gagner le respect de tous les joueurs. Je le regrette encore aujourd’hui. J’ai ma part de responsabilité.
J’ai aussi ma Coupe du Monde à moi : le titre de Champion Honneur en 2002. Finale remportée en 2002 contre Marcq-en-Baroeul. Une grande communion avec tous les membres du club, une joie et une fierté indescriptible. Alors que toute l’équipe arrosait comme il se doit la victoire à l’Arms Park, Gégé, Jean-Pierre et Georges m’adressèrent quelques paroles qui resteront à jamais gravées dans mon cœur.
Bon, je vous épargne les autres grands moments qui ont jalonné ma vie de joueur de rugby. Je tenais simplement à rendre hommage à ce sport qui, d’un mec banal pas sportif pour un sou, a su en faire un joueur respectueux et respecté de ses pairs. Et, loin de moi l’idée de vous faire le coup de « l’esprit rugby », je reste persuadé que le rugby est une des rares sports (le seul) qui m’a permis de m’épanouir, m’a accepté sans préjugé, m’a fait une place.

Merci à vous tous.
Gégé, Laurent, Tito, Dindin, Pierrot, Vincent, Charles, Bello (père et fils), Jean-Marc, Jean-Marie, Jean-Yves, Didier, Dany (x2), Alex (x2), Christophe (y’en a plein), Nicolas, Fabrice, CPJ, Manu, Ludo, Jérémy (x2), Sam, Jérôme (x2), Akim, Georges, Jean-Pierre, Mickaël B, Bertrand, David, Rémi, Jojo, Fred (x3), Nanar, Marc, Alain, Djil, Bruno, Romain, Denis, Benoît x2), Xavier (x2), etc.
Désolé pour ceux que j’oublie mais y’en a tellement, je rectifie au fur et à mesure. Promis juré.

vendredi 1 novembre 2013

L'effet dévastateur de l'effet Dragster

Nombre d'entre vous s'imaginent que le métier d'enseignant est jalonné de petites satisfactions, de douces joies, d'une myriade de moments de plénitude où ces chères petites têtes blondes, brunes ou rousses nous gratifient de leur sourire, de petites brèves de couloir dont la spontanéité n'a d'égale que la justesse de leur analyse. 
Ce n'est pas tout à fait faux. Certes ces petits riens sont des cailloux blancs qui, comme le Petit Poucet de Perrault, nous aident à retrouver les raisons de notre engagement au service de l'Éducation nationale. Putain que c'est joli comme parallèle! 

SAUF QUE... c'est pas tous les jours comme ça!! Les petits cailloux, y'en a pas tous les deux mètres! T'imagines le Petit Poucet semer des petits cailloux tous les deux mètres? Il lui aurait fallu un semi-remorque! Non, les petits cailloux sont assez espacés pour qu'on ait juste le temps de se taper une bonne déprime avant de tomber sur ces petits trésors, ces perles d'enfants. Putain, c'est encore joli ça....

Ma petite expérience m'amène à vous parler de l'effet Dragster.

Michel Chevalet : "L'effet Dragster, c'est quoi!?"
Le Rag': "C'est simple Mich'!" [Oui, j'aime l'appeler Mich'.]
- Tu vois ce que c'est un Dragster?
- Oui, une bagnole trafiquée avec quelques centaines de chevaux dans le moteur et des roues arrière aussi larges que l'ouverture d'esprit de Florent Pagny est étroite.
- oui, voilà! Ça vrombit, ça fume, ça rugit. Ça envoie du lourd, quoi! 
- ah ouais... mais quel rapport avec ta classe, cher Rag'?
-  tu sais Mich', je te croyais beaucoup plus perspicace... Qu'à cela ne tienne, je me dois d'entrer dans de plus amples explications pour mes lecteurs. Reste ici, ouvre bien tes grandes oreilles et écoute.
- ...
- et lâche-moi cette maquette de la station Mir!
- Oh, pardon!

Oui, ma classe est une sorte de dragster! Je bichonne le moteur, je lustre la carrosserie, je remplis leur réservoir de connaissances pour qu'au moment t le pilote que je suis soit dans les meilleures conditions possibles pour emmener ce véhicule vivant d'un point A à un point B, rapidement et sans accroc.
Il m'arrive souvent de préparer ma classe "Dragster" à assimiler telle ou telle notion, j'explique, je corrige , je valide , j'interroge. J'écoute les méninges ronronner, je regarde les doigts se lever comme autant de pistons, les réponses pétaradent à mes oreilles à chaque coup d'accélérateur... Je sens que mon dragster est prêt, que la notion est assimilée. Cette mécanique infernale n'attend plus qu'à devenir autonome, libéré du frein à main de l'autorité que je représente. Les cylindres vont fondre sur la piste des cahiers et tracer leur route à travers les interlignes de l'horizon.
Imaginez 24 CV (Cerveaux Valides) rugir, prêts à parcourir de leur pointe de Bic la page de cahier vierge en moins de temps qu'il n'en faut pour écrire la date au tableau (craie blanche et soulignée de rouge)!!! Ils bavent d'impatience, sourire nerveux au visage. 
J'abaisse mon drapeau à damier et ...

C'est là que l'analogie avec les courses de dragsters prend toute sa dimension... Je vous laisse une vidéo bien plus explicite que tous les discours.



"Mich', ouvre les yeux! C'est fini.
- J'ai eu peur, le Rag."

Bon, ben voilà, la belle mécanique que j'avais bichonnée, huilée, assemblée explose en pleine course. Cylindres, pistons, bielles et vilebrequins constellent mon champ de vision.


"ILS ME FONT N'IMPORTE QUOI, CES NAINS! ILS ONT RIEN COMPRIS!"

Pages arrachées, bouts de gomme sur la piste de leur cahier, larmes et cris de dépit, tel est le spectacle de désolation qui s'offre à moi. Mon dragster pédagogique s'est désintégré.

"Qu'est-ce qui a merdé? J'avais pourtant tout vérifié, réglé, revérifié, reréglé..." sangloté-je.

La déception est d'autant plus grande que les attentes étaient énormes. J'essaie tant bien que mal de ramasser les élèves en état de compréhension, c'est moche.
Il est temps de me remettre au taf et de trouver ce qui a bien pu merdé dans l'assemblage de cette machine de connaissances. Je suis leur Pr Frankestein, un Prométhée à deux euros six sous (avec l'inflation) et jour après jour, j'essaie tant bien que mal de créer les conditions propices à l'acquisition de savoirs.

"Bon, Mich', t'as compris mon histoire de dragster?
- Euh, ouais... mais t'as pas parlé de combustion hydrogène/oxygène, ni de turbo, ni..
- On s'en branle, Mich'! C'était une métaphore, je suis pas mécano.
- Ah bon? Mais mes maquettes de Station Mir et de navettes spatiales, je les ai ramenées pour rien alors?
- Bah ouais (mais qu'il est con, Mich'!)
- Ah... Tant pis!
- ...
- ... Hmmm
- Hé, Mich', viens ici et passe-moi la clé de 12!"








 Merci à Michel Chevalet de m'avoir assisté.
 

lundi 23 septembre 2013

Champignons et super héros

Et hop! Ça n'a pas loupé.

Il n'a fallu que 21 jours 7 heures 24 minutes et quelques secondes dont je vous fais cadeau - ne me remerciez pas, ça me fait plaisir - pour que je me retrouve à nouveau en contact avec de la Kaskouillite, qui est à l'instit' ce que la Kriptonite est à Superman: une belle grosse merde.

NB: Celles et ceux qui désirent découvrir les effets dévastateurs de la Kaskouillite, je les invite à lire ceci, pour les autres, la suite arrive incessamment.

Septembre, octobre, c'est la saison des champignons et tout bon cueilleur de bolets et autres cèpes sait que si l'on en trouve un, ses autres petits copains chapeautés ne sont pas bien loin, attendant patiemment qu'un promeneur ne leur coupe la queue et les fasse rissoler avec du beurre et du persil. Les Kaskouilles, c'est pareil. Y'a des coins, des filons, que dis-je? des GISEMENTS! Des ronds de sorcière. Sauf que si tu tombes dessus, c'est pas d'bol, tu vas en baver.

Cas n°1: 
Prendre un couple de parents (un mâle et une femelle en l’occurrence);
Écouter patiemment leurs doléances;
Répondre courtoisement et argumenter subtilement;
Couvrir les parents frustrés et laisser mijoter...

Quelques semaines plus tard...

Écouter la soupape de pression sauter et patienter.

Ça gesticule, ça vitupère, ça déblatère  et moi, j'attends. Seul à la barre de mon fier trois-mâts, barbe fleurie et casquette de marin vissée sur mon front dégarni, je tire sur ma pipe en écume, attendant imperturbablement la tempête qui gronde à l'horizon.

NB:J'aime beaucoup l'image du capitaine de navire affrontant grains, écueils et monstres abyssaux. Lire ici aussi!!


Cas n°2 : suspens...


Je vous donne RDV demain car ça risque de tanguer, moussaillons!

Souquez ferme!