samedi 6 février 2016

The Walking Dead Pupils



Dieu  sait que la mission qui m’incombe me pèse de plus en plus, en exposer les raisons serait une perte de temps, d’énergie et ne ferait pas avancer le schmilblick.
Cependant, l’aspect le plus plaisant du métier d’enseignant réside dans les relations que l’on peut nouer avec les marmots dont on a la charge durant une année voire plus. Plus qu’une simple relation enseignant/élève, les rapports que l’on tisse avec les enfants prennent différentes formes en fonction de la personnalité de l’adulte qui leur fait face. J’ai la prétention de croire que ma plus grande qualité (compétence ?) est d’instaurer au sein d’une classe un climat de sérénité et de confiance qui permet aux gamin(e)s de s’épanouir.
Même passant pour un vieux con aux yeux de ces têtes blondes - toute personne dont l’âge dépasse la vingtaine d’années relevant à leurs yeux de la vaste catégorie des « vieux » - ma culture « pop » n’est pas si éloignée de la leur et je les surprends souvent par ma connaissance de leurs centres d’intérêt. Le fait d’être père d’enfants de leur âge n’y est pas étranger bien évidemment.
Hier, alors que ma collègue et moi-même surveillions la cinquantaine d’élèves aléatoirement réparties sur la surface de notre modeste cour de récréation, nous assistâmes à une collision entre élèves. Sans gravité, les deux élèves se relevant rapidement, et sans effusion lacrymale ni hurlement hystérique, je constatai que l’un d’eux se frottait la cuisse. Je m’enquis de son état et, constatant que la douleur qui le gênait n’était due qu’à un léger hématome, une « béquille » en somme, je l’enjoignis à repartir vers d’autres aventures. Il acquiesça et, alors qu’il s’éloignait, sa démarche m’interpela : trainant le pied droit, l’épaule basse et décrivant un mouvement de va-et-vient saccadé , la tête bringuebalant mollement du côté gauche… Bon sang, mais c’est… c’est… un ZOMBIE ! Quelques dixièmes de secondes plus tard, impatient de tester la perspicacité de deux de mes élèves les plus enclins à apprécier mon humour absurde, et peut-être de partager avec eux  un peu de malice, je les appelai et leur demandai d’observer attentivement la démarche particulière de leur camarade. « Oh, un Zombie !!! s’exclamèrent-ils à l’unisson. J’avais donc vu juste, la ressemblance était évidente pour des gamins de 10 ans et un de 40. Nous échangeâmes quelques idées sur les moyens d’éviter la contamination ainsi que sur les techniques d’éradication des morts-vivants.
Cinq minutes plus tard, il y avait une quinzaine de zombies, boitant, râlant et arpentant de manière erratique la cour de récréation transformée en Zombieland. Vous n’imaginez pas le plaisir que j’ai éprouvé à la vue de ces marmots en mode « délire absurde ».
Quand je sifflai la fin de la pause et que tous les élèves se rangeaient sagement le long du mur extérieure de ma classe, j’eus la surprise de voir quelques zombies se cogner dans les murs, se heurter aux portes, langue pendante, regard inexpressif et sons gutturaux. Dans un grand éclat de rire, je lâchai un « Mais qu’ils sont bêtes !!! » Quel moment de joie et de plénitude ! D’une plaisanterie qui avait pour but de ME faire rire, cette poignée de gamins a réussi à me surprendre et les voir déconner ainsi est, et restera, sans aucun doute, un de mes plus beaux souvenirs d’instit’.

2 commentaires:

  1. Ouh la, mais tu parles comme si tu avais déjà ton ticket de sortie en poche, toi !

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  2. ah, ben on a failli l'attendre ce billet....
    content de te relire.

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