mercredi 30 janvier 2013

VIVANT

Je suis vivant. Vi-vant! Avec un VI majuscule. 

C'est vrai quoi , j'avais aut'chose à foutre qu'à canner un 29 janvier. Et, de vous à moi, passer l'arme à gauche entre l'évasion d'une ingénue franco-mexicaine, la manif' pas triste et l'arrivée d'un petit bateau, bah, j'aurais même pas eu le droit à une ligne à la rubrique des chiens et chats ratatinés. C'est pas tous les jours qu'on meurt alors autant que ça ait d'la gueule!

J'ai chopé LA grippe. Pas une grippe, LA grippe! J'irai même jusqu'à lui foutre un G majuscule à cette salope tellement on se connait bien maintenant. Huit jours de calvaire, huit jours à m'arracher des suées, huit jours à me filer la nausée. Et vas-y que je t’énuclée à la cuillère à kiwis, vas-y que je joue du djembé avec tes tympans et que ton cerveau que j'vais m'en faire un steak tartare! Elle m'aura pas loupé cette fois-ci. Je dis "cette fois-ci" car je n'ai pas trop l'habitude d'être grippé; enrhumé oui, anginé aussi, gastro-entérité également mais grippé, non. On se côtoie une à deux fois par décennie et cela ne dure qu'une nuit, ou deux, une passade quoi. Là, elle a campé, squatté mon pieu. Je suis bien allé chez le toubib pour me plaindre mais elle n'a rien voulu savoir. Une semaine de prise de tête, de râles gutturaux, de Kleenex sacrifiés. J'aurais été capable de tout pour pouvoir ne-serait-ce que respirer normalement! Me farcir les narines de Vicks Vapo-Rub fut envisagé alors que ma langue tenait plus de la vieille biscotte rassise. M'enfiler un milk-shake au Lysopaïne ne me semblait plus si idiot que ça tant le hérisson qui se frayait un chemin au milieu de mes cordes vocales paraissait décidé à tâter de mes bronches. Oindre mon corps musculo-couenneux d'une décoction de Doliprane, d'Aspegic et d'huile de foie de morue, quelle bonne idée! J'vous promets, j'aurais été capable de tout. 
Le pire dans tout ça, c'est que ce sont mes gosses qui me l'ont refilé, les miens, les reconnus pas ceux de ma classe. J'aurais pu pester sur les parents qui me refilent leur bouillon de culture sur pattes, yeux vitreux et narines débordantes mais non, je ne peux en vouloir à personne. La faute à "pas d'chance", quoi... À longueur d'année, je me préserve des multiples et régulières crises sanitaires qui viennent décimer les rangs de mes fidèles ouailles: angine, gastro, rhumes et bronchites diverses sont autant d'écueils qu'il faut savoir esquiver. C'est que 32 gamins dans une classe, ça remue de la bactérie, ça suinte du bacille et ça pulvérise du germe en veux-tu-en-voilà. Il faut prendre des précautions! Loin de moi l'idée de vous tenir un discours hygiéniste, néanmoins la perspective de passer la moitié de mon année scolaire sous antibiotiques ou branché sur respirateur artificiel m'amène à élaborer des tactiques d'évitement bactériologique.
Pour les poux, mes cheveux courts (non, pas ma calvitie!) et ma taille me préservent de tout contact capillaire. Lors de mes premières années d'enseignement, j'ai traversé une épidémie de gale qui sévissait dans un foyer d'adolescents. Je vis dangereusement, ne pouffez-pas!

Rien d'exceptionnel jusqu'ici, j'en conviens. Le plus dur est à suivre...

Évidemment, lorsqu'un enseignant est malade, un autre dont c'est le rôle, vient le remplacer, c'est ce qu'on appelle un remplaçant si c'est un mâle. Ou "une remplaçante" si c'est une femelle. Pour n'importe quel enseignant, il est difficile de lâcher sa classe. Pas tant émotionnellement que stratégiquement. Imaginez-vous en train de fabriquer un château de cartes, jour après jour, patiemment, vous avez sué sang et eau pour que cet édifice à l'équilibre instable soit préservé de toute agression extérieure, et subitement, la maladie, grippe a fortiori, vous impose de quitter la pièce et de ne plus y poser les pieds pendant... huit jours. Faut en avoir de la confiance! Moi, j'en ai à revendre, ça ne me fait pas peur; malheureusement, comme chez les bouchers, les tapissiers ou les équarrisseurs y'en a des biens, et aussi des moins biens (sic). Peu certes, mais qui sont facilement repérables et repérés... Moi, j'ai récolté le gros lot, il m'a pété mon château de cartes.
Ajoutez à cela un zeste de paranoïa ("Que vont dire les parents?") et une pincée de culpabilité ("Peut-être que j'aurais pu y all....ATCHAAAA RRRHHRHHRHAAAA KKKOOOOFF  KOOOOFOFF AH PUTAIN SA MÈRE LA GRIPPE DE SA RACE!") et voilà un tableau presque parfait de la semaine de merde que je viens de passer.



Bon , en même temps, cela m'aura permis de mûrir une tactique afin d'affronter mon Boss de fin de niveau (voir épisode précédent). ;)



1 commentaire:

  1. ^^ Ah toi aussi tu as passé une super semaine, c'est rassurant quelque part. Mais bon, tu pourrais te signaler comme mourant comme même.
    tu la joues : ouais j'ai une grippe. Mais tu dis pas que c'est The Grippe ! Moi j'aime bien quand mes potes font faillir mourir. Mais ils disent jamais rien... Pfff. Un jour vous mourirez pour de vrai, et vous aurez l'air malin tiens !!! Ah ça rigolera moins ce jour-là !
    Good Job !! ;)
    Je te garde le GG pour quand t'auras niqué le boss de fin de niveau ;)

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