Fluctuat Nec Mergitur 2

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Il y a maintenant un peu de moins de 1 rotation terrestre (toujours en mode "Mouvement des planètes" comme vous pouvez le constater), je me suis contraint à cesser le récit de l'expédition "piscine" afin de ménager un suspens Hitchcockien et,  par la même occasion, ménager votre sensibilité chers lecteurs et lectrices (en grammaire, le masculin l'emportant inexorablement sur le féminin, je suis contrit et contraint d'orthographier chers de cette manière). 

Nous en étions donc au chargement du fameux autocar, diabolique invention au demeurant. Les "Places-du-Fond" invariablement prises d'assaut, il s'agit alors de répartir tout ce petit monde sur les places restantes sachant que  cette répartition s'assimile plus à de la stratégie militaire que le remplissage du bac à oeufs d'un frigidaire... Éviter les associations bordelogènes, prévenir l'expulsion gastrique soudaine de la part d’individus sujets au mal des transports qui auront tôt fait de déclencher d'autres expulsions gastriques soudaines de la part d'individus eux-mêmes sujet à la vomitophobie... L'effet "Papillon", ça vous dit quelques chose? Quelques virages en trop, des accélérations et décélérations un peu trop appuyées et votre parcours en bus peut vite se transformer en un cauchemar dont le souvenir vous tirera des nausées chaque fois que vous prononcerez les mots "bus", "piscine", ou "Chocapic". Et surtout éviter de s'asseoir près de la pipelette de service, du concierge de l'école ou du fayot patenté, sinon le voyage risque vite de se transformer en un chemin de croix, un traquenard gluant dont le machiavélisme n'est pas sans rappeler ces toiles d'araignées magnifiques d'un point de vue humain mais qui sont synonymes de longs et douloureux trépas chez de nombreux diptères. Plus vous remuez plus vos chances d'en sortir indemne s'amenuise... Feignez l'indifférence, ne bougez pas, votre salut passe par l'atonie et l'apathie.

Nous voilà donc assis et sanglés dans cette boîte à chaussures roulantes, l'atmosphère est moite, l'excitation palpable tant il est vrai que la seule évocation du mot piscine génère chez les marmots de moins de 12 ans des crises d'hystérie dont l'équivalent n'existe que chez la femme adulte lors de l'ouverture des soldes ou chez l'homme adulte, tous les 4 ans, pour vénérer le ballon rond ou les anneaux de toutes les couleurs à grands coups de beuveries et beuglements.

Afin d'éviter hurlements et chamailleries, a été instaurée une règle qui stipule que chaque enfant n'a le droit de parler qu'à son voisin proche, on ne se retourne pas, on ne cale pas son visage entre les deux dossiers qui font face  et on ne cause pas au voisin ou à la voisine outre-allée. Voilà une règle efficace! Simple à expliquer, à assimiler, à appliquer et à contrôler. Je tiens à la signaler car peu de de règles possède autant de qualités, croyez-moi.

Après 25 minutes de trajet, nous arrivons sur le parking de la piscine. Une nouvelle fois, il s'agit de réguler la descente du bus; si nous laissions faire, nous compterions deux traumatismes crâniens avant l'arrêt du véhicule, un mort par étouffement, deux par piétinements et trois ou quatre élèves psychologiquement traumatisés à la vue de tant de violence brute. Deux par deux, les élèves se rangent face à la porte du bâtiment et attendent notre accord pour se ruer sans attendre vers les vestiaires...

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