Fluctuat Nec Mergitur

Je pensais en avoir fini avec ça.

Avec la piscine. Les séances avec les marmots de l'école. 

À des dizaines de km du premier bassin de natation, je croyais dur comme fer que les disciples de Manaudou et consort allaient enfin me lâcher la palme et me laisser organiser mes séances de sport, oups! d'EPS, comme je l'entendais: c'est-à-dire avec force "ballon-prisonnier" et moult "tomate". Je vois déjà les collègues instit' bondir de leur chaise, crier au loup, à l'hérétique, au sacrilège! "Brûlons-le! L'ordonnance de Saint Jules (Ferry) de l'an de grâce 1881 proscrit toute référence à ces jeux barbares qui sont à l'EPS ce qu'Intervilles est aux Jeux Olympiques de cher Baron Coubertin!" Certes, j'exagère un peu. Mais pas beaucoup... Installé dans ma petite école de campagne où les plans d'eau ne servent qu'aux ablutions journalières des vaches et canards, je n'imaginais pas un seul instant que l'on pût avoir, ne serait-ce qu'un instant, l'idée retors de proposer un cycle d'apprentissage ayant pour thème la NATATION!!!!

Hé ben, si! Pas d'bol, il est de tradition que les élèves de Cycle 3, 8 à 11 révolutions terrestres -j'étudie les mouvements des planètes en ce moment alors ça déteint sur mes écrits- bénéficient d"une bonne douzaine de séances chaque année. Évidemment, tout cela n'est possible que par la démoniaque invention d'un savant fou: l'autocar! Qui peut être assez dérangé pour entasser 60 gamins dans un parallélépipède roulant? Qui plus est, baignant dans une atmosphère chaude et humide qui n'est pas sans rappeler le "trou" du bagne de Cayenne duquel Steve Mac Queen, alias Papillon, tente inlassablement de s'évader. En un mot comme cent, la piscine  c'est la galère... et ça commence dans le bus.

Vous qui avez été enfant, ne vous-êtes jamais agglutiné, au mépris de toute règle de savoir-vivre et de bon sens inhérent à l'espèce humaine dite civilisée, contre la porte du car afin d'obtenir le Graal, le trésor des Templiers, l'Eldorado, j'ai nommé LES PLACES DU FOND??? Voilà le premier défi qui incombe à l'enseignant que je suis: organiser la montée dans la bus en évitant l'émeute, le piétinement ou l'étouffement de quelques frêles élèves emportés par le torrent insane des adorateurs des places du fond. Il est primordial d'instaurer des règles strictes et non-négociables (je ne négocie pas avec les terroristes), chacun son truc: d'abord les filles, moins sauvages dans ce cas précis, ou d'abord les plus jeunes, mais l'on est vite confronté aux problèmes des mâles ALPHA (les CM2) qui veulent en découdre avec les gringalets de CE2 qui leur piquent leur place, ou bien encore instaurer une certaine mixité dans la montée dans le véhicule vers les "trônes" en mousse. C'est mon partie: 10 filles, 10 garçons, 10 filles,... Et par la même occasion cela me permet de vérifier le nombre d'enfants car, il faut le savoir, compter des élèves dans un bus est aussi facile que de demander à Mohamed Ali de réaliser un château de cartes. Ça bouge tout le temps!!! Et ça bave aussi...

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Je vous laisse ici pour aujourd'hui. Un trop-plein d'émotions peut vous empêcher de fermer l’œil de la nuit! Je vous donne donc rendez-vous demain pour la suite de l'expédition "Piscine".

La suite ici.