mardi 9 avril 2013

The Origins (3)_Enseignement Année n-1


Cette année sur le terrain fut riche d'enseignement et d'enseignements. J'appris beaucoup au contact de collègues dont la sollicitude n'avait d'égale que la gentillesse. Je me souviens de Rosée dont je complétais un mi-temps, dynamique et ingénieuse, elle m'a pris sous son aile et, aidée de son compagnon Luc, enseignant de la classe d'à côté dont les gueulantes auraient défrisé les Jackson 5 d'un coup, j'ai traversé cette année sans trop d'encombres. Faut dire que question "conseiller pédagogique" ou même "inspecteur", j'ai pas vu grand monde... J'en ai pas vu un seul, même pas entendu parler! Ah si, lors des animations pédagogiques, mais de loin alors. Je vais pas m'en plaindre étant donné que je sais depuis ce dont sont capables les bras armés des inspections, les conseillers et conseillères pédagogiques!!! Sous prétexte que tu es profane, novice, bleu-bite, certains ou certaines sont capables de te foutre une pression phénoménale équivalente à la corvée de chiottes chez le bidasse ou la bite au cirage chez l'étudiant des grandes écoles. Moins j'en vois, mieux je me porte. Et c'est encore le cas. Le jour où j'ai besoin d'un conseil, je demande aux collègues, celles et ceux qui mouillent encore la chemise et qui sont restés sur le terrain, au front. Les planqués, je m'en méfie. Allez, paf! C'est envoyé! Habillés pour l'hiver, les conseillers.
J'ai donc tenu la barre pendant plus de 9 mois. C'était au siècle dernier, je ne savais même pas que Word existait, encore moins qu'un PC pouvait être utile, c'est vous dire. Tout à la main! Et hop, photocopieuse! La vieille, celle qui flashe pour chaque feuille, celle qui bourre à tout bout de champ, qui génère des files d'attente qui ne sont pas sans rappeler les plus tristes heures des épiceries soviétiques. Putain que ça semble loin! J'achetais mon premier portable avec un forfait 2h qui coûtait un bras. Plus un rein si tu avais le malheur de dépasser ton quota de quelques minutes.
Y'a eu aussi des moments difficiles. Je me souviens très bien, un soir de novembre, la tête posée contre le volant de ma POLO Fox blanche version boîte à savon, me posant clairement cette question:
"Mais putain, qu'est-ce que je fous là? C'est quoi ce taf de dingues? Le plus beau métier du monde? MON CUL, OUI!"
J'ai enseigné sur deux classes durant cette année: un CE1 à 16 élèves (dont mon Gaulois Bill Murray) et un CE1-CE2 à 24 gamins. La première classe avait beau être dans une école d'application (application de torgnoles, ouais!), j'en garde un très mauvais souvenir et, après mûre réflexion, j'ai la désagréable intuition que ma "collègue" dont je complétais le mi-temps ne m'appréciait pas spécialement et ne s'en cachait pas auprès de la marmaille... Dans la deuxième école (Chénier-Séverine), au contraire, l'ambiance était joyeuse. Collègues et élèves m'ont laissé un souvenir impérissable. C'est grâce à elles, à eux que j'ai tenu bon, que j'ai pris du plaisir à enseigner, que j'ai trouvé ma place.

Au sortir de cette année, je savais que j'allais devoir retourner sur les bancs de l'IUFM, user mes fonds de culottes. Mais j'y allais serein, fier de cette expérience. J'allais devenir un vétéran, un tatoué, un de celles et ceux qui ont été au front. J'allais pouvoir me la péter...

À suivre...






3 commentaires:

  1. Rien que pour ça, tu vois je pourrais pas... Avant même d'avoir rencontré le moindre cheveux de monstre ou la plus minime des difficultés que tu rencontres, je pourrais pas

    "Conseiller pédagogique" - "inspecteur"

    Ces mots ont une telle résonnance négative en moi, je ne parle pas des clichés véhiculés concernant la fonction, mais bien du concept et de la resonnance même, que je ne pourrais pas les subir.

    Et on aura beau appeler une bite, Le GRand Membre Divin De La Lumière du CIel et De LA Terre, ça n'en restera pas moins qu'une bite !

    ALors je dis respect, respect car je sais que tu en as conscience, et que tu as décidé de passer au dessus pour accomplir ta mission. Et ça, tout le monde n'en est pas capable, loin de là...

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  2. Comme toutes les gamines je voulais être maîtresse quand j'étais petite petite ...
    Bah ... en te lisant je me dis que c'était bien de jouer à la maîtresse mais je ne suis pas sûre du tout que j'aurais pu en faire mon métier .... J'en suis même certaine !!!
    Chapeau !

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  3. ptitemaitresse3410 avril 2013 à 22:23

    Ce n'est pas ma première visite (je suis même abonnée), et pourtant je laisse mon premier message ce soir...^_^ pour te dire un grand MERCI de mettre en mots tout ce que nous vivons au quotidien. De grands moments de rigolades il faut bien l'avouer mais aussi de grands moments de solitude lorsque nous nous demandons ce que nous faisons là (j'ai moi aussi commencé le métier d'instit-remplaçante au volant d'une petite polo). Tu parviens à rendre tout cela plus léger..cela me fait un bien fou chaque fois que je lis un de tes textes!
    La MGEN devrait rembourser les abonnements internet de tous les instits qui te suivent (je suis sûre que nous sommes nombreux dans l'ombre)...ils auraient moins d'arrêt maladie pour dépression!
    Allez encore un petit ♥ merci ♥ avant de te souhaiter une bonne fin de soirée (j'ai passé une partie de la mienne à corriger...beurkkkk!)

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