vendredi 28 juin 2013

The Origins (4)_Welcome in the jungle!

Ça y est, je m'y remets! À l'instar d'un Georges Lucas qui n'en finit pas de ne pas en finir avec cette putain de tri-Trilogie de Star Wars (nonalogie?), j'ai pris ma pause à l'issue du 3ème opus de The Origins. Il se trouve que j'hésite à évoquer cette année d'IUFM où, bardé de l'expérience d'une année sur le terrain avec ma b..., mon bon sens et mon couteau, je fus confronté avec ce qui se fait de pire en matière de pédagogie. Pourquoi j'hésite? Bah, ce n'est qu'une année de fac en plus... Tu stresses une semaine avant chaque échéance, tu potasses et rédiges des trucs qui vont faire plaisir aux correcteurs, peu importe qu'il y ait eu réflexion ou pas, que tu crois en ce que tu écris, l'important est d'avoir une bonne note. Entre ces périodes, tu glandes, fais acte de présence, papotes, déconnes, dragues et rencontres ta future femme. C'est en forgeant que l'on devient forgeron, c'est donc en enseignant que l'on devient enseignant. Moult palabres et des conseils made in Normandie : "Nous ne vous donnons aucun conseil quant aux choix des méthodes, c'est à vous de vous les approprier. Cherchez par vous-mêmes..." Tout ça au nom de la sacro-sainte indépendance pédagogique des professeurs! On doit réinventer la roue, ouais! Y'a bien des trucs qui plaisent plus à la majorité, des méthodes plébiscitées, des manuels à éviter ou à conseiller, non? Bah non, démerdez-vous! Ou bien, les quelques ouvrages ou méthodes proposées par les super-formateurs sont tellement alambiqués, novateurs qu'ils nécessitent un investissement intellectuel et matériel contre-productif! Tout cela manque de pragmatisme. Je n'ai pas appris mon boulot en lisant des passages dans les bouquins de pédagogie ou en écoutant les grands pédagogues, mais en regardant les élèves, en échangeant avec les collègues, en analysant les couacs voire les grosses merdes que j'ai pu pondre durant treize ans. On fait le tri, on jette, on recycle, on fignole et on écoute. On n'apprend pas à être enseignant, on vit l'enseignement, on le ressent et certain(e)s sont meilleur(e)s que d'autres. 
Pour clore cette année de formation, chaque professeur-stagiaire doit rendre un mémoire professionnel de quelques dizaines de pages, tâche qui, selon les conseils du poule de formateurs, nécessite un travail régulier tout au long de l'année scolaire... Je s... J'ai un ami qui a pondu ce mémoire en deux jours, échéance finale oblige. Mention: Très satisfaisant. Vaste enfumage, assez facile lorsque l'on connait les attentes de l'institution. Sacré ami... Et ce ne fut pas ses derniers faits d'armes.
Moi qui hésitais à causer d'IUFM, vous voilà avec un sacré réquisitoire contre cette institution. Une bonne grosse dose de pragmatisme et moins de prosélytisme pédagogique contribueraient à redonner des lettres de noblesse à cet institut fossoyeur de l'École Normale.

À l'issue de cette année finalement très agréable d'un point de vue potache, me voilà donc titularisé dans l'EN. Je pouvais enfin poser mes valises, m'investir sur un poste épanouissant avec des élèves courageux et intéressants! Que nenni! T'es jeune, tu vas en chier! Les règles d'attribution des postes dans les écoles impliquent que plus l'on est ancien dans le métier, plus l'on a de "points", plus l'on a de chance d'obtenir le poste désiré, encore faut-il qu'il soit vacant. Résultat, le choix est simple: tu choisis, ou plutôt "on te choisit", les postes qui restent, les postes dont personne ne veut. Ce peut être un poste géographiquement éloigné, le Nord ayant pour particularité d'être un département vaaaaaaaachement long, ou un poste dans une zone défavorisée (je sais, le Nord est une zone défavorisée en soi...), ou bien les deux: un poste de merde très loin. Désirant éviter une expatriation qui me priverait des atours de ma future épouse, je décidai donc de faire jouer mon "réseau". Pfff, quel réseau, tu parles! Je me retrouvai donc à Lille-Fives en ZEP avec une classe de CM2. Bizarrement, je ne me rappelle plus de ma réaction dans les jours qui suivirent la nouvelle; déçu je l'étais néanmoins mes préoccupations étaient plutôt tournées vers ces deux mois de vacances qui s'offraient à moi, à nous! Un de mes potes étaient quant à lui nommé en EREA (SEGPA avec internat) sur Lille en tant qu'éducateur ce qui impliquait un emploi du temps tout à fait particulier (fin d'après-midi, soirée, nuit, matinée). Un autre collègue sachant pertinemment que le choix était inexistant prit les devants: quitte à se retrouver loin sur un poste de merde autant essayé de se rapprocher du littoral en optant pour un ÉNOOOORME poste de merde. Nous le rejoignîmes quelques semaines plus tard, l'Inspecteur de l'Éducation Nationale tout heureux de trouver trois volontaires pour des postes dont personne ne voulait.
Je me retrouvai donc en MECS (Maison d'Enfants à Caractère Social) à Gravelines, le cul de basse-fosse du département voire de la région NPDC. L'évocation seule du nom de l'établissement suffisait à déclencher pleurs, hurlements et crises de panique chez quiconque avait eu vent des nombreuses histoires et légendes qui entouraient ce lieu où les fils des damnés de la société et de l'Éducation nationale finissaient leurs années d'obligation scolaire. Mission suicide pour certains, calvaire pour beaucoup, j'étais en terre inconnue...

À suivre...

3 commentaires:

  1. 50% homme 50% éducateur 50%assistante sociale 50% infirmier psychiatrique 50% gardien 50% parent de substitution 50% doudou 50% entraîneur 50% secrétaire administratif 50% serf 50% pion 100% PROF

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  2. Heureusement qu'on sait que tu y as survécu, vu que tu nous en causes 13 ans après ... sinon, on ne pourrait pas dormir après la lecture de ce dernier paragraphe ...

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