"J'vais êt' franc avec vous..."
"J"ai mon franc-parler."
"... pour être franc.."
Franc.
Franc...
Il est intéressant de voir à quel point cet adjectif est annonciateur de mauvaises nouvelles ou de sentences désagréables pour le destinataire. D'ailleurs, un président de la République que je ne nommerai pas, est un adepte de ce fameux "franc-parler" et se targue ainsi de dire ce qu'il pense quitte à froisser son auditoire. Ce n'est pas de sa faute, il est franc...
Qualité auto-proclamée par l'énonciateur de la vérité tant redoutée, elle est implicitement associée à quelque chose de désagréable mais néanmoins bienfaitrice voire salvatrice. Heureusement qu'il y a des personnes franches pour dégommer à tout-va.
Je pose donc la question qui me taraude depuis quelques semaines: être franc implique-t-il nécessairement d'être blessant voire vexant?
Pourquoi ne considérerait-on pas comme franche une personne qui, plutôt que d'étaler ses désaccords, ses inimitiés ou ses frustrations, dépenserait son énergie à déclarer son amour ou à prouver son attachement à des personnes ou à des idées?
Fleur bleue, bisounours, utopiste?
Non, pas du tout!
De deux personnes franches, l'une que l'on nommerait "négative" en opposition à l'autre "positive", laquelle se met le plus en danger, laquelle a le plus à perdre, laquelle s'expose réellement? Qui fait preuve de courage?
L'une ouvrira son coeur - certains diront son âme - pleinement et gratuitement à autrui, s'exposant à l'indifférence, à la moquerie au risque de se compromettre quand l'autre risque tout au plus un bon "bourre-pif" dans la gueule si, par malheur, elle fait face à une autre personne aussi franche qu'elle...
"Toute vérité n'est pas bonne à dire." nous dit Beaumarchais. Je suis persuadé que dire ce que l'on pense sans se préoccuper des conséquences est une preuve d'égocentrisme. Après moi, le déluge...
Quelle preuve de courage! Que d'énergie dépensée inutilement à proclamer fièrement voire hautainement que l'on n'apprécie pas une personne ou quelque chose! Pourquoi ne pas ignorer poliment et mobiliser sa force intérieure afin de s'ouvrir aux personnes à qui l'on tient ou d'entretenir le feu qui nous rapproche?
De plus, notre franc négatif a souvent pour principe de vie "tout va bien tant que ça ne me fait pas chier.", quelle valeur accorder aux relations entretenues avec les personnes qui n'ont pas encore eu l'honneur de subir sa sainte franchise? Sacrée latitude: de l'indifférence polie à l'amitié sincère, où placer le curseur? tant qu'on ne le fait pas chier...
Au contraire, il est aisé de jauger le franc positif à l'aune de ses paroles ou de ses actes. Son principe de vie inclusif s'oppose ainsi à celui exclusif du franc-tireur.
Il est bien dommage que, petit à petit, ses personnes égocentriques sont portées aux nues, glorifiant par la même occasion une société où la loi du plus fort règne.
À "Mords avant d'être mordu" je préfère, "embrasse le temps qui passe".
Rag'
Ecoute, je vais être franc avec toi. Je suis tout à fait d'accord. La mise en application n'est cependant pas facile, et parfois les mauvais réflexes reviennent plus vite qu'on ne le souhaiterait. Pourtant il faut bien avouer que ça fait salement du bien d'être gentil. Mais tu remarqueras qu ça fait bizarre aussi. Quand on est pas habitué, on ressent comme un malaise dans son être profond. Drôle d'écudation hein. T'es quelqu'un de bien le Rag'.
RépondreSupprimerMoi aussi je suis d'accord avec toi (enfin presque sur tous les points)...
RépondreSupprimerEt tout cela m'inquiète fortement, nous sommes déjà au moins 3 à partager le même avis, adieu minorité.